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De la santé

Comme le proverbe populaire dit, il est mieux d'être riche et sain que pauvre et malade. Mais, comme tout jeu de mots, ce n'est qu'une abstraction brillante ; on ne peut pas savoir tout d'un coup s'elle cache un sens intelligible.

La première question est, bien sûr, pourquoi. Qu'est-ce qui fait l'électron meilleur que le photon, des composés du charbon meilleures que des composés du silicium, la mathématique meilleure que la poésie, et la vie préférable à la mort ? Tout est bon à sa place et tout peut être mal placé. Manque à se tenir pour ce principe tout simple va toujours défigurer notre existence humaine quotidienne. Par exemple, Charles de Gaule avait un faible pour le peintre Marc Chagall et ne comprenait donc pas que ses ouvrages seraient beaucoup plus à propos sur les murs d'une banque à Chicago, ou le bâtiment du parlement à Jérusalem, tandis qu'ils produiraient l'impression cauchemardesque à Palais Garnier. Les compatriotes de Charles de Gaule qui ont, en XXI siècle, détruis la grande cour du château de Versailles et mutilé le porte de Sainte-Chapelle du château de Vincennes, n'avait pas, selon toute probabilité, aucune problème de santé formelle et ne mangeaient jamais de la vache enragée. Mais ils doivent sans doute avoir quelque chose symptomatique à la tête, de la même sorte qui est arrivé à la santé morale de la nation qui admet un comportement pareil envers des œuvres d'art. On pourrait, de ce façon, dessiner la moustache sur le visage de Mona Lisa, ou faire des graffitistes s'amuser par-dessus des fresques de Michelangelo.

La santé physique et économique, cela semble d'être toujours désirable. Mais quand il s'agit de la santé d'un monstre qui va exterminer le moindre grain de la nature humain dans les âmes humaines, soyons-nous en droit d'obstinément insister sur le principe biblique de ne point tuer ?

On arrive logiquement à la deuxième question : mieux à qui ? La santé des uns achetée par des souffrances des millions d'autres, cela ne semble pas une idéal bien sublime. Quand même, subjectivement, il y a des situations où c'est honteux d'être riche et sain. Parfois, cela peut même être dangereux, car un riche vigoureux, c'est le premier cible pour des pauvres souffrants du moment qu'ils sont agacés et armés. Ainsi la santé physique se montre comme une affection mentale, et la prospérité devient un présage de perte.

Les moralistes de tous les temps nous sermonnent, qu'il faut toujours garder sa santé. Qui et pourquoi dont aurait besoin ? Serve-t-il à notre satisfaction personnelle ? Pas toujours. Fait-il part de l'héritage culturel commun ? Non plus. Pourquoi un esclave devrait-il s'observer ? Pour une autre décennie de servitude ? Et de que de salauds robustes l'humanité pourrait mieux manquer !

D'autre côté, qu'est-ce que c'est que la misère ? qu'est-ce que c'est que l'affection ? La santé, c'est une notion très-très élastique. Où est la limite entre la prospérité et la pénurie ? Peut-on l'évaluer à la capacité d'acheter un morceau de pain, un ordinateur bien avancé, ou un encore avion privé ? Allons, il y a des façons très différentes d'être sain. Tout dépend de ce qu'on va y faire. Par exemple, si je peux soulever une pierre à la main, je dois être assez robuste pour cela. Quand je ne suis pas si forte, mais je suis pourtant capable de lever la même pierre au moyen d'un système de leviers, ou en touchant des boutons sur un boitier de commande, ou bien en cliquant tout simplement sur l'écran avec la souris, je dois aussi être robuste, dans une mesure ; néanmoins, on bien comprend qu'il s'agit d'un entièrement autre niveau de la santé. Donc, il y a une hiérarchie, qu'on déplie n'importe comment, d'après des objectifs courants.

Par conséquent, il faut se fonder non sur le capital ou la physiologie, mais principalement sur le sens d'une existence particulière. C'est à ce titre, qu'on peut seulement conclure à propos de la nécessité de garder la santé, ou bien la négliger. Pour un animal, le sens de son existence coïncide avec l'existence comme telle ; donc les efforts à supporter le métabolisme, au niveau d'un exemplaire, une espèce, ou une biocénose. L'être humain, c'est tout différent. Son place dans l'Univers, sa mission, c'est la reconstruction du monde, le transformant selon la raison, le posant dans le cadre de la culture. Chaque être doué de raison (un individu, un groupe, la société entière) a son front spécifique de travail, une partie de la grande cause commune. Chacun est nécessaire pour le tout de la tâche. Pour autant qu'il agit raisonnablement.

Il y a l'exigence objective, la nécessité et l'imminence. Une personne arrive parfois à la percevoir, cette nécessité ; parfois, on y résiste ; une autre fois, on se trompe sur sa vraie raison d'être. En tout cas, l'attitude raisonnable envers sa santé présume son maintien à un niveau bien suffisant, mais sans le surpasser. Beaucoup de perversions sont ainsi automatiquement coupées : le marasme du culturisme, la folie répandue de la mode " saine " de vie, les recherches futiles de la nutrition " saine ", la mystification de l'activité physique... On cultive un scepticisme sain envers toutes sortes de propagande : à qui l'avantage ? dans quel but ? Pour nourrir des affairistes retors (les médecins commerçants inclus) ? Cela ressemble plus au soin de la prospérité d'un autre, à la philanthropie et bienfaisance. Qui n'est pas toujours juste, non plus.

Le monde est infini ; non seulement concernant ses dimensions spatiales et son éternité, mais surtout du point de vu de la diversité qualitative, l'infinité de ses niveaux et aspectes. Un être humain, son part et son image, est autant infini. Conformément, sa santé demande une richesse intrinsèque aussi qu'une unité intrinsèque, la contradiction comme l'harmonie. Une attention exagéré à un côté implique une restriction d'un autre. C'est comment ils se déclarent, des solides gaillards dégénérés, ou des belles débiles, des noms communs, du genre de une blonde anecdotique, une nullité de la poupée (mes excuses aux tous les blondes vives qui n'ont point de besoin de ne pas être considérées que dans le plan de l'appétit charnel). Une monstruosité comme ça peut souvent naître comme une expression inéluctable de la difformité de la société, un symptôme des maux économiques et sociaux. Est-il nécessaire, de les retenir sans réserve, ces succédanés de la vitalité, le pus de la plaie ? Comme l'a dit un poète, que j'ai connu dans le temps,

Il y a des gens qui devraient
mieux de ne jamais naître.

On pourrait, peut-être, bien attribuer ces mots à moi et mes notes ici. Bon. Pourtant, et moi et elles ne sont pas seulement pour la raison de soi-même. Même si personne ne devine jamais pourquoi.


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